- Mon fils me désespère. Il n'a pas terminé ses études, il ne cherche même pas de travail, il passe tout son temps à boire et à rigoler avec ses copains. Ne pourrais-tu pas lui trouver un petit boulot dans ton ministère ?- Aucun problème, répond le ministre. Je le nommerai adjoint de mon chef de cabinet, avec un traitement de 6.900 euros par mois.- Non, non. Ce n'est pas cela que je veux. Il faut qu'il comprenne qu'il faut travailler dans la vie et lui inculquer la valeur de l'argent.- Ah? Bon. Je le ferai chargé de mission en chef, à 5.500 euros par mois.- Non, c'est encore trop. Il doit se rendre compte qu'il faut mériter son salaire.- Euh... chargé de mission alors? 2.900 euros par mois?- Toujours trop. Ce qu'il lui faudrait, c'est une place de petit fonctionnaire, tout en bas de la hiérarchie, et il débuterait à moins de 1.200 euros par mois.- Alors là hélas, je ne peux rien faire pour toi ! répond l'ami Ministre.- Mais pourquoi ?- Pour ce genre de poste, il faut réussir un concours...
Les personnages et les situations du récit ci-dessus étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
Blague à part, on peut quand même parfois se poser des questions sur la vision qu’ont certains élus sur le statut de fonctionnaire. Que penser de Christian Jacob, ancien ministre de la Fonction publique, qui a estimé dans un récent entretien à la Presse qu’«il fallait réfléchir à la pertinence de l’embauche à vie des fonctionnaires». Rappelons au passage que ce sont les accords Jacob de 2006 qui ont permis que les salariés du privé puissent être mieux rémunérés que les agents publics en intégrant la fonction publique.
Pour la Fédération FO des Services publics et de santé, «cette provocation vise tout simplement à mettre en place des emplois de saisonniers ou sans doute à caler la garantie de l’emploi des fonctionnaires à la durée du mandat de responsable politique. Ce "spoil system" vient des Etats-Unis et permet à une équipe politique nouvellement élue de recruter des fonctionnaires partisans et zélés». Heureusement, la dérive néolibérale ne semble pas souhaitée par le Gouvernement, notamment si l’on s’en tient aux déclarations du Premier Ministre, François Fillon, et de Georges Tron, Ministre chargé de la Fonction publique. Pourvu que cela dure...
Le statut de fonctionnaire est une garantie républicaine privilégiant un service public neutre au service des citoyens, une égalité de traitement des usagers. «Cette constance dans le dénigrement et l’affaiblissement de la fonction publique nous encourage à réagir, conclut la Fédération FO des Services publics et de santé. Conformément au statut et au-delà, en réponse aux obligations de la fonction publique et de ses agents, les emplois permanents doivent être pourvus par des agents titulaires ou stagiaires. En outre, leur nombre et les qualifications sont déterminants dans la qualité du service rendu et dans la qualité des conditions de travail offertes au personnel».
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