mardi 9 novembre 2010

Lettre aux militants de la Fédération

"Chers camarades,
Depuis plusieurs mois les militants Force Ouvrière que vous êtes, menez sur le terrain une bataille pour conserver la retraite à 60 ans (55 ans pour la catégorie active), mettre un terme à l’allongement de la durée de cotisation (40 ans c’est déjà trop !), préserver et pérenniser le code des pensions civiles et militaires, ainsi que la caisse nationale de retraite des agents des collectivités (CNRACL). Nous savons combien votre investissement militant a permis d’assurer la réussite des différentes journées d’action à commencer par la manifestation nationale à Paris du 30 mars dernier à l’appel de la fédération et celle du 15 juin à l’appel de la confédération Force Ouvrière. Vous avez relayé, porté, défendu la revendication en faveur du retrait du projet de loi. Vous avez milité en faveur d’un appel par les confédérations à une grève public/privé pour obtenir satisfaction. Au plan national, la confédération Force Ouvrière n’a signé aucun des communiqués intersyndicaux appelant aux différentes journées car ils ne revendiquaient pas le retrait ou l’abandon du projet ni un appel à la grève interprofessionnelle. Cela nous a valu d’être quasi systématiquement relégués en fin de cortège lors des manifestations. Vous l’avez assumé car au-delà de cette divergence fondamentale nous n’avons eu de cesse d’être actifs, voire moteurs tout au long du conflit et nous avons participé dans l’unité à sa réussite. Malgré les tentatives de polémique (piège dans lequel nous ne sommes pas tombés), malgré les tentatives de marginalisation, malgré l’ostracisme des grands médias nationaux (télévisions et journaux) notre message est passé à travers vous. Dans toutes les manifestations, les militants des autres organisations syndicales reprenaient notre slogan «retrait du projet gouvernemental». Le mouvement aurait été encore plus fort et plus unifié par un appel à la grève interprofessionnelle notamment entre le 12 et le 19 octobre. Force Ouvrière l’a systématiquement proposé aux autres organisations syndicales. La CFTC, la FSU, Solidaires, une partie importante de la base CGT étaient prêtes à nous suivre sur ce mot d’ordre. Mais la CGT, soucieuse de maintenir la CFDT au sein de l’intersyndicale a systématiquement capitulé devant l’organisation cédétiste. Les directions nationales de ces deux organisations incarnées par Thibaud et Chérèque portent une lourde responsabilité. Pourtant dans de nombreuses entreprises, administrations, collectivités, établissements, les travailleurs ont voté la grève y compris reconductible. Pour notre fédération, nos syndicats à Marseille, à Toulouse, à Bordeaux et en Gironde, à Paris et en région parisienne, à Saint-Nazaire, etc. ont voté la grève reconductible montrant la voie à suivre. Les agents ont perdu de nombreuses journées de travail ; beaucoup d’entre eux perçoivent des petits salaires et cela représente un important sacrifice. Alors il n’est pas étonnant que la mobilisation faiblisse et que le 6 novembre la participation aux manifestations ait diminué de façon sensible. Pour autant Force Ouvrière ne s’inscrit pas dans la stratégie du «on va passer à autre chose», car il ne saurait être question de considérer que le dossier est clos au prétexte que la loi est votée. Pourquoi ? Tout d’abord, la loi n’est pas acceptée et elle reste «en travers de la gorge» des salariés et des militants que nous sommes. Ensuite, la mise en œuvre de la loi (si elle est promulguée) nécessite la parution de textes complémentaires sur lesquels nous mènerons la bagarre. Enfin, il convient de combattre toute velléité de mise en œuvre d’un régime par points ou par comptes notionnels qui se cache derrière la réforme systémique qui doit être mise en débat en 2013 selon la loi. Un tel régime aurait pour conséquence de faire baisser le niveau des pensions ; mais, il mettrait surtout en place un régime unique sonnant le glas de la CNRACL, du régime particulier des fonctionnaires (code des pensions civiles et militaires) et à terme de la retraite par répartition pour le public comme pour le privé. Oui, l’abrogation de la loi contre les retraites sur la base de la grève interprofessionnelle est une revendication portée par Force Ouvrière. Non par envie de «jusqu’au boutisme» ou de «radicalisation», non par manque de réalisme comme certains commentateurs se plaisent à le dire, mais parce que cette loi va appauvrir nos collègues qui vont partir à la retraite. Elle représente un recul social sans précédents et son vote par un parlement dont nous ne contestons nullement la légitimité, ne la rend ni juste socialement, ni efficace économiquement ! L’intransigeance du gouvernement et de la présidence de la République n’a pas entamé la détermination de nos concitoyens. Au contraire un esprit de résistance est né de ce mouvement, nous l’appuyons et nous l’appuierons ! En renforçant les rangs de Force Ouvrière, les salariés se doteront d’un syndicat libre et indépendant, fort et puissant, prompt à défendre leurs intérêts particuliers et collectifs, matériels et moraux. Chers camarades, c’est avec beaucoup de détermination que vous perpétuez la tradition de liberté et d’indépendance qui a fondé le syndicalisme français et qu’incarne la confédération générale du travail force ouvrière. Vous pouvez en être fiers ! Bon courage à toutes et à tous".
Pour le secrétariat fédéral des services publics et de santé Force Ouvrière
Le secrétaire général, Didier Bernus

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