Les jours fériés ne sont pas récupérables s’ils tombent un jour où l’agent ne travaille pas du fait de son temps partiel (Arrêt C.E. du 16/10/98 – M. Denisey).
Au plan de la rémunération :
- pour les agents mensualisés, le traitement se liquidant en trentième indivisible, l'agent percevra le 1/30° de sa rémunération mensuelle.
- pour les agents horaires, l'agent n'étant pas payé habituellement ce jour-là, il ne percevra aucune rémunération.
Un peu d'Histoire : le 1er mai est le seul jour férié et chômé reconnu par notre code du travail, mais d’où vient cette fête?
Tout commence réellement en 1886, à Chicago. Les travailleurs passent alors 14 à 16 heures par jour, 6 jours par semaine, sur leur machine. Les conditions de vie sont déplorables, les ouvriers dorment où ils peuvent, quelquefois dans les couloirs même des usines et la nourriture est insuffisante. Depuis quelques temps déjà, l’American Fédération of Labor, syndicat ouvrier, réclame l’application d’une journée de travail de 8 heures, 6 jours par semaine. Le patronat refuse, bien évidemment, d’octroyer cet avantage. La presse, à la solde du patronat, écrit même, à propos des revendications des salariés et de leurs meneurs, «les travailleurs doivent être guéris de leur orgueil et être réduits au rôle de machine humaines» et «la prison et les travaux forcés sont les seules solutions possible de la question sociale. Il faut espérer que l’usage en deviendra général» (Chicago Times). Le 1er mai, une grande manifestation est organisée, rassemblant 200.000 manifestants sur la revendication d’une journée de travail de 8 heures. La date n’est pas choisie au hasard, c’est le jour du renouvèlement des contrats de travail! Une partie de ces manifestant obtiendra satisfaction, mais pas tous. La colère enfle et, le lendemain, les manifestants sont 340.000! L’appel à la manifestation précise que les armes ne sont pas admises. Toutefois, dans la foule, certains agitateurs, des détectives embauchés par les patrons, viennent semer le trouble. Un coup de feu part dans la foule, sans victime. C’est l’occasion, pour la police, bien armée, elle, d’ouvrir le feu sur les manifestants, faisant 6 morts et une cinquantaine de blessés. Le 3 mai, à l’appel des anarchistes, une nouvelle manifestation est organisée. Alors que celle-ci, toujours infiltrée d’agitateurs, touche à sa fin et qu’il ne reste plus que 200 manifestants, la police charge la tribune où se trouvent les orateurs. Une bombe explose, faisant 17 morts, dont 7 dans les rangs de la police. Les organisateurs de la manifestation sont alors arrêtés et, sans aucune preuve de leur participation à l’attentat, 5 seront condamnés à mort et 3 à la prison à perpétuité. Un des jurés dira, à propos de la sentence rendue sans preuve : «on les pendra quand même! Ce sont des hommes trop décidés, trop intelligents, trop dangereux pour nos privilèges!». Les 5 seront pendus et les 3 autres seront graciés en 1893! Trois ans plus tard, en 1889, à l’occasion du centenaire de la révolution française, a lieu, à Paris, la IIème internationale socialiste. La revendication principale, lors de cette réunion, est, comme en 86 à Chicago, les 8 heures de travail par jour pour tous. Le 20 juin 1889, il sera décidé d’organiser, tous les ans à la même date, une grande manifestation ouvrière reprenant cette revendication. La date du 1er mai, symboliquement, sera retenue comme étant la date de ce grand rassemblement, dans tous les pays, dans toutes les villes où les ouvriers sont organisés en syndicat. Ainsi, le 1er mai 1890 verra la première manifestation ouvrière portant ces revendications. Les manifestants porteront à la boutonnière un triangle rouge, symbole de la revendication concernant les trois huit : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs. L’année suivante, le 1er mai 1891, en France, à Fourmies dans le Nord, la manifestation s’organise. L’armée, chargée d’encadrer cette manifestation, a reçu de nouveaux fusils. Elle les testera alors sans aucune raison, à bout portant, sur les manifestants, faisant 10 morts, dont 8 de moins de 21 ans (âge de la majorité de l'époque) et une ouvrière, Marie Blondeau, qui, lors de son enterrement, sera drapée de blanc et aura les bras couverts de fleurs. Elle deviendra le symbole de cette manifestation et de la répression aveugle et injustifiée. Après elle, on portera une fleur d’églantine à la boutonnière lors des 1er mai en souvenir de son martyr, fleur cintrée d’un ruban rouge rappelant la revendication des trois 8. En 1907, cette fleur d’églantine sera remplacée par le brin de muguet, symbole du renouveau.
La revendication des "huit heures" sera l’une des plus fondamentales de la Confédération Générale du Travail Force Ouvrière. Cette revendication est toujours d’actualité: patronat et gouvernement veulent constamment rallonger la durée du travail (réforme des retraites, remise en cause des 35 heures, etc.). En 1919, soit 29 ans après la première manifestation du 1er mai, les salariés obtiendront enfin satisfaction et la semaine de 48 heures (6 fois 8 heures hebdomadaires) sera votée par le gouvernement. La tradition du défilé du 1er mai étant maintenant bien ancrée, cette date sera maintenue comme un jour revendicatif, porteur des désirs des ouvriers. 1920, en Russie, le 1er mai devient, sous l’impulsion de Lénine, un jour chômé. Le premier mai 1936 sera un jour important et particulièrement suivit. Il précèdera de deux jours la victoire au deuxième tour des élections législatives du front populaire, portant Léon Blum au pouvoir. Toutefois, le 1er mai n’est toujours pas officiellement reconnu. Il n’est toujours qu’un jour de grève. Paradoxe, il faudra attendre 1941, sous le gouvernement de Pétain, pour que le jour du 1er mai devienne officiellement le jour de la fête du travail et de la concorde sociale, donc un jour chômé, mais non payé. Le gouvernement de Philippe Pétain a alors à cœur de rallier les ouvriers à sa cause. De plus, et ils ne se priveront pas de le fêter aussi, le 1er mai est alors aussi le jour de la Saint Philippe (aujourd'hui fixé le 3 mai).
A la libération, c’est Ambroise Croizat, alors ministre du travail, qui mettra en place, en 1947, un jour férié et payé, tel qu’il apparait dans notre code du travail.
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